En l’an de grâce 1976, sur les terres d’espoir des Etats-Unis d’Amérique, trois comédiens – gays bien sûr – décidèrent de monter une grande reprise de la comédie musicale « La Mélodie du Bonheur » (« The Sound of Music », en V.O.). Pour les costumes, ils allèrent solliciter la charité d’un couvent. Les gentilles religieuses, qui gardaient toutes les vieilles robes de leurs anciennes, ne purent résister aux sourires angéliques des trois jeunes gens et leurs prêtèrent trois tenues.
Mais les comédiens avaient l’esprit léger et oublièrent deux choses : la première fut de préciser aux religieuses que ces habits allaient être portés par des hommes ; la seconde de leur rendre les dits habits.
Inconsciemment, une graine venait d’être plantée. Il ne restait plus qu’à attendre que la plante sorte du sol. Et les jours passèrent, lentement, au rythme des orgasmes.
Vint alors le jour de la résurrection : Pâques 1979. En ces jours de célébrations religieuses, nos trois comédiens étaient abandonnés, seuls dans le quartier gay de San Francisco. La Divine Providence leur rappela alors l’existence d’une malle où ils avaient négligemment abandonné leurs anciens costumes. Quelques minutes plus tard, ils avaient revêtu leur robe de nonnes, glissé un revolver – factice, bien sûr – dans leur ceinture et pris le chemin de la plage naturiste de Frisco.
Imaginez-vous un peu la surprise des baigneurs lorsqu’ils virent arriver ces trois bonnes sœurs poilues et barbues, drôles de servantes de l’Eglise. Elles avaient beau avoir des voix d’une virilité qui sortait de l’ordinaire, elles n’en restaient pas moins aux yeux des baigneurs des religieuses : « Bonjour ma sœur ! », « ‘Fait pas chaud, hein, ma sœur ? »
Et voilà comment en ce jour béni de Pâques 1979, sur une plage de San Francisco, venait de naître l’Ordre de la Perpétuelle Indulgence, avec les fondeuses Missionary Position, Reverend Mother Abyss, et Hystorectoria.
Nos premières soeurs s’organisèrent doucement : en 1980, Sister Hystorectoria s’inspira des robes des dames de cour flamandes du XIVème siècle et des cornettes des cloîtres français pour créer le premier habit officiel des Sœurs. A l’aide de bingos, d’animations, et surtout de persévérance, les Sœurs récoltaient des fonds pour aider les homos à s’accepter et à se faire accepter.
Mais en 1981, l’épidémie de Sida faisait son apparition. Certains culs bénis profitèrent de l’occasion : le jugement divin était tombé, et cette étrange maladie était le châtiment pour les sodomites « contre-nature ». Des centaines de personnes commencèrent alors à mourir, dont une majorité d’homosexuels… Une majorité certes, mais pas uniquement : la maladie touchait aussi les fidèles enfants de Dieu hétéros.
Aux vœux initiaux d’expiation de la honte stigmatisante et de promotion de la Joie Multiverselle, vint s’ajouter la lutte contre le Sida et le soutien aux malades. Les Sœur organisèrent alors la première soirée de récolte de fonds pour la recherche et publièrent le premier document de prévention : le Play Fair !
En 1987, voilà que le Pape Jean-Paul II désire venir répandre la bonne parole au pays de Mickey. Or, au pays de Washington et de Luther King, une loi stipule que tout citoyen peut demander à ce que soit refusé l’accès au territoire à une personne pouvant se révéler dangereuse pour celui-ci ou pour ses habitants.
L’interdiction de l’usage du préservatif par le Pape, facteur de propagation de l’épidémie de sida, représentait bien un danger pour la population. Les Sœurs demandèrent donc officiellement l’annulation de sa visite.
Bien entendu, il était hors de question de refuser la venue du chef de l’Eglise catholique, au grand désespoir des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence
Qu’à cela ne tienne ! Puisque le Pape voulait venir, alors les Sœurs sauraient l’accueillir. Et y a-t-il meilleur moyen de recevoir un religieux que de dire une messe pour sa venue ? L’événement fut retransmis sur les télévisions de tout le pays. L’écran était scindé en deux : à gauche, la grand-messe du Pape, à droite, la grand-messe des Sœurs. Suivirent quelques manifestations et un exorcisme organisé par les Sœurs sur Union Square. Le Pape entra dans une colère noire et prononça l’excommunication. Mais les vœux des Sœurs ne sont pas prononcés devant le pontife catholique : elles n’eurent donc que faire de la position du Vatican. Les Sœurs restent présentes pour tous, et tant qu’elles seront utiles aux ouailles, elles continueront leur mission, excommuniées ou pas.
Dans la bonne ville de Paris, quelques folles radicales, tout comme leurs Sœurs américaines, aimaient rire, parler et vivre. Deux d’entre elles, partirent aux Etats Unis où elles rencontrèrent les Soeurs de la Perpétuelle Indulgence à San Francisco. Elles décidèrent alors de créer un Couvent à Paris. Leurs noms ? Sœur Rita du Calvaire et Sœur Thérèse de Cul et Lard. Puis vinrent Sœur Ginette (de la vache molle) et Sœur Marie Mongolita (des fientes). Et il y eut les Saints, les Gardes Cuisses et toutes les autres Soeurs.
Il n’y a pas de folles perdues. Et si parfois nous nous échouons sur les écueils de l’intolérance, nous continuons notre travail de Sœurs, d’Amour – recueillir des dons pour ceux qui en ont besoin, offrir notre énergie et notre joie de vivre à ceux qui attendent, à ceux qui espèrent.
Etres visibles, charitables, indulgentes, baigner dans la lumière et la joie universelle, c’est le devoir de chaque Sœurs. Et si l’on nous dit choquante, nous répondons que l’amour n’est jamais choquant, sauf aux yeux de ceux qui sont myopes du cœur. L’indulgence ne nous empêche pas d’être fières de ce que nous sommes.
Aujourd’hui encore, les Sœurs font le trottoir. Nous sommes un ordre pauvre, agnostique et dérisoire de folles hystériques et radicales. Au fil des années, l’Ordre a grandi, il est devenu missionnaire aux quatre coins du monde. Des Etats-Unis à l’Europe, de l’Amérique du Sud à l’Australie, les Sœurs prêchent la Joie contre la Honte, promeuvent l’Amour sous la protection de Saint Latex.
Tant qu’il nous faudra de la Joie pour effacer les peines, tant que nos Amours ne seront pas reconnus, tant que le Sida ne sera pas vaincu, les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence seront là, partout dans le Monde.
Amen and a Women”
par nos Sœurs du Couvent de Paname (http://www.couventdepaname.org)
Mais les comédiens avaient l’esprit léger et oublièrent deux choses : la première fut de préciser aux religieuses que ces habits allaient être portés par des hommes ; la seconde de leur rendre les dits habits.
Inconsciemment, une graine venait d’être plantée. Il ne restait plus qu’à attendre que la plante sorte du sol. Et les jours passèrent, lentement, au rythme des orgasmes.
Vint alors le jour de la résurrection : Pâques 1979. En ces jours de célébrations religieuses, nos trois comédiens étaient abandonnés, seuls dans le quartier gay de San Francisco. La Divine Providence leur rappela alors l’existence d’une malle où ils avaient négligemment abandonné leurs anciens costumes. Quelques minutes plus tard, ils avaient revêtu leur robe de nonnes, glissé un revolver – factice, bien sûr – dans leur ceinture et pris le chemin de la plage naturiste de Frisco.
Imaginez-vous un peu la surprise des baigneurs lorsqu’ils virent arriver ces trois bonnes sœurs poilues et barbues, drôles de servantes de l’Eglise. Elles avaient beau avoir des voix d’une virilité qui sortait de l’ordinaire, elles n’en restaient pas moins aux yeux des baigneurs des religieuses : « Bonjour ma sœur ! », « ‘Fait pas chaud, hein, ma sœur ? »
Et voilà comment en ce jour béni de Pâques 1979, sur une plage de San Francisco, venait de naître l’Ordre de la Perpétuelle Indulgence, avec les fondeuses Missionary Position, Reverend Mother Abyss, et Hystorectoria.
Nos premières soeurs s’organisèrent doucement : en 1980, Sister Hystorectoria s’inspira des robes des dames de cour flamandes du XIVème siècle et des cornettes des cloîtres français pour créer le premier habit officiel des Sœurs. A l’aide de bingos, d’animations, et surtout de persévérance, les Sœurs récoltaient des fonds pour aider les homos à s’accepter et à se faire accepter.
Mais en 1981, l’épidémie de Sida faisait son apparition. Certains culs bénis profitèrent de l’occasion : le jugement divin était tombé, et cette étrange maladie était le châtiment pour les sodomites « contre-nature ». Des centaines de personnes commencèrent alors à mourir, dont une majorité d’homosexuels… Une majorité certes, mais pas uniquement : la maladie touchait aussi les fidèles enfants de Dieu hétéros.
Aux vœux initiaux d’expiation de la honte stigmatisante et de promotion de la Joie Multiverselle, vint s’ajouter la lutte contre le Sida et le soutien aux malades. Les Sœur organisèrent alors la première soirée de récolte de fonds pour la recherche et publièrent le premier document de prévention : le Play Fair !
En 1987, voilà que le Pape Jean-Paul II désire venir répandre la bonne parole au pays de Mickey. Or, au pays de Washington et de Luther King, une loi stipule que tout citoyen peut demander à ce que soit refusé l’accès au territoire à une personne pouvant se révéler dangereuse pour celui-ci ou pour ses habitants.
L’interdiction de l’usage du préservatif par le Pape, facteur de propagation de l’épidémie de sida, représentait bien un danger pour la population. Les Sœurs demandèrent donc officiellement l’annulation de sa visite.
Bien entendu, il était hors de question de refuser la venue du chef de l’Eglise catholique, au grand désespoir des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence
Qu’à cela ne tienne ! Puisque le Pape voulait venir, alors les Sœurs sauraient l’accueillir. Et y a-t-il meilleur moyen de recevoir un religieux que de dire une messe pour sa venue ? L’événement fut retransmis sur les télévisions de tout le pays. L’écran était scindé en deux : à gauche, la grand-messe du Pape, à droite, la grand-messe des Sœurs. Suivirent quelques manifestations et un exorcisme organisé par les Sœurs sur Union Square. Le Pape entra dans une colère noire et prononça l’excommunication. Mais les vœux des Sœurs ne sont pas prononcés devant le pontife catholique : elles n’eurent donc que faire de la position du Vatican. Les Sœurs restent présentes pour tous, et tant qu’elles seront utiles aux ouailles, elles continueront leur mission, excommuniées ou pas.
Dans la bonne ville de Paris, quelques folles radicales, tout comme leurs Sœurs américaines, aimaient rire, parler et vivre. Deux d’entre elles, partirent aux Etats Unis où elles rencontrèrent les Soeurs de la Perpétuelle Indulgence à San Francisco. Elles décidèrent alors de créer un Couvent à Paris. Leurs noms ? Sœur Rita du Calvaire et Sœur Thérèse de Cul et Lard. Puis vinrent Sœur Ginette (de la vache molle) et Sœur Marie Mongolita (des fientes). Et il y eut les Saints, les Gardes Cuisses et toutes les autres Soeurs.
Il n’y a pas de folles perdues. Et si parfois nous nous échouons sur les écueils de l’intolérance, nous continuons notre travail de Sœurs, d’Amour – recueillir des dons pour ceux qui en ont besoin, offrir notre énergie et notre joie de vivre à ceux qui attendent, à ceux qui espèrent.
Etres visibles, charitables, indulgentes, baigner dans la lumière et la joie universelle, c’est le devoir de chaque Sœurs. Et si l’on nous dit choquante, nous répondons que l’amour n’est jamais choquant, sauf aux yeux de ceux qui sont myopes du cœur. L’indulgence ne nous empêche pas d’être fières de ce que nous sommes.
Aujourd’hui encore, les Sœurs font le trottoir. Nous sommes un ordre pauvre, agnostique et dérisoire de folles hystériques et radicales. Au fil des années, l’Ordre a grandi, il est devenu missionnaire aux quatre coins du monde. Des Etats-Unis à l’Europe, de l’Amérique du Sud à l’Australie, les Sœurs prêchent la Joie contre la Honte, promeuvent l’Amour sous la protection de Saint Latex.
Tant qu’il nous faudra de la Joie pour effacer les peines, tant que nos Amours ne seront pas reconnus, tant que le Sida ne sera pas vaincu, les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence seront là, partout dans le Monde.
Amen and a Women”
par nos Sœurs du Couvent de Paname (http://www.couventdepaname.org)