« Barbara disait : “Si je n’avais pas été chanteuse, j’aurais été bonne sœur ou putain”, pour vous ce soir, nous serons les trois à la fois. »
C’est par cette phrase que les Sœurs, depuis des années, entament leur messe. Les TDS sont nos adelphes des trottoirs, auxquel·les nos Couvents ont été liés intimement dès leur création en 1979 à San Francisco. L’une de nos frondeuses, Sister Vicious Power Hungry Bitch, en était et c’est parce qu’elle était directement sur le terrain que les Sœurs furent les premières à créer une plaquette de safe sex au début de la pandémie du SIDA. En cette journée internationale contre les violences faites aux travailleur·ses du sexe, les Sœurs renouvèlent leur vœu de solidarité et de mémoire. Car nous ne pouvons oublier Vanesa Campos, Jessyca Sarmiento, Mathilde et toutes les autres travailleur·ses anonymes qui nous ont quitté, parce que la loi de pénalisation des client·es continue de les traquer, parce que les cagnottes en ligne sautent, parce qu’il est difficile d’obtenir un logement lorsqu’on a un travail non-déclaré, parce que c’est toujours la misère pour trouver une banque qui accepte les TDS, parce que la police refuse d’enregistrer leur plainte, parce que le ministère de Schiappa a préféré les laisser crever. En ce jour, le STRASS est reçu par Élisabeth Moreno, qui a daigné, après des mois de silence, les recevoir. Espérons qu’elle débloque enfin un fond d’urgence pour elleux. Aujourd’hui, le Couvent du Nord souhaite rendre honneur à nos adelphes. À vous qui trimez sur les pavés en talons dans le froid, à vous qui tentez de trouver le bon angle devant votre caméra, à vous qui êtes épuisé·es après les heures de tournage, à vous qui faites de l’accompagnement en confinement et à tou·tes celleux qui ont été TDS d’un soir pour payer une facture de trop. Vous nous êtes précieux·ses, vous êtes merveilleux·ses et vous trouverez toujours sous nos cornettes une oreille, une capote ou une paillette à dépanner. Nous rappelons d’ailleurs le projet Jasmine, par et pour des TDS, qui permet de répertorier les client·es dangeureux·ses. Nous continuerons de marcher avec vous jusqu’à l’obtention du droit commun, jusqu’à l’abolition de la loi de pénalisation des client·es et pour toutes les fêtes ensemble, parce que, bordel, on en aurait bien besoin en ce moment. |