Cher Tafiolistan,
Merci d’être présent ce soir, on sait que ça vous coûte énormément d’être là, parce que tout de même, vu l’événement phare de la soirée, c’est beau que vous soyez parmi nous ! Au lieu d’établir des pronostics sans fin sur les costumes kitsch et les chansons douteuses de l’Eurovision, vous avez décidé de venir suer comme des bœufs parmi nous ! Mille mercis ! Ce soir, unissons nous toutes pour parler, fantasmer ou observer en retrait les fluides de pédales et autres folles : le sperme, la cyprine ou même la sueur. Vous allez peut-être communier aussi par les larmes, mais on espère qu’elles seront de joie ou d’émotion. On peut rajouter aussi la salive, si les derniers textes vous ont émoustillé ou que vous avez envie de partager de l’amour, toujours avec consentement, évidemment ! À nouveau, le temps d’une soirée, nous recréons un espace entre nous, les pédés, les tantouzes, les tafioles, les tantes et autres tarlouzes, mais aussi toutes leurs copines. On recréée un espace où on est bien toustes ensemble, entre nous et avec les autres communautés, comme l’accueil au CCL l’illustre ce soir. Car le Tafiolistan, s’il est radical, n’est pas un pays fermé. On l’a vu lors des lectures, qui nous ont donné un panorama des paysages qui le compose. Les lives et Dj set, eux, lui donneront un chant, une sonorité. Toutes ces identités pédés sont aussi diverses que les personnes qui le compose et chacun·e est merveilleux·se à sa manière, souvenez-vous-en. Cette pluralité tafiolique, elle se retrouve aussi dans PD la revue (oui, nous devons faire le placement produit, on nous a promis un cookie en échange). Elle ouvre ses pages aux auteurices trans, racisés, handi, toustes les minoritaires qui permettent d’illuminer le spectre de la pédalerie. Merci à elleux de mener ce travail et, n’oubliez pas, une partie des bénéfices de la soirée reviendra à PD la revue. Sur ces bonnes, rapprochez-vous pour la bénédiction, le ploum bèche va commencer ! BRAVO LES LESBIENNES !
En 1980, le groupe de lesbiennes radicales, dites de Jussieu, organisent une des premières marche lesbienne. En 2021, des militantes lesbiennes reprennent l’idée. Des milliers de goudous flamboyantes débarquent dans les rues, à Lyon et à Paris. Elles recommencent cette année, avec Marseille en plus qui défile aujourd’hui (19h sur le Vieux Port), et marquent l’espace avec leurs pancartes, leurs slogans scandés et leurs tags. En cette journée de la visibilité lesbienne, il est nécessaire de réaffirmer la présence des lesbiennes dans l’espace public. Quand elles ne sont pas invisibilisées, elles sont silenciées sur les plateaux ou harcelées sur les réseaux. Alice Coffin en a été le plus triste exemple et une des plus ferventes défenseuse de cette visibilité lesbienne. Pour redonner la parole aux concernées, en prenant en compte l’intersectionnalité, l’Inter-LGBT organise une table ronde sur la visibilité lesbienne à 19h (https://fb.me/e/1vaWIbI5i). Paillettes et lavande sur vous toustes, soyez fièr·es, soyez solidaires, soyez-vous ! Les Sœurs de la perpétuelle indulgence du Couvent du Nord ont hésité à vous ressortir le discours de l'année dernière, tant peu de choses ont changé depuis 2020. À l’époque, Élisabeth Moreno recevait le STRASS. L’espoir d’un changement était faible et la ministre a effectivement tenu ses promesses décevantes : rien n’a changé, tout a continué.
En ces temps d’élection présidentielle, chaque candidat·es a été interpellé·e pour savoir s’iel s’engagerait sur les droits des TDS. On peut dire que ça ne s'est pas pressé au portillon du bordel – autogéré – pour se positionner. Des entrevues qui se soldent par des attentes, des promesses en privée qui se dérobent en public, à nouveau, les TDS sont traité·es en pestiférés. La seule position qu’on accepte et qu’on attend d’elleux, c’est celle de la victime manipulée par un mac, repentante de son travail. Toute autonomie leur est enlevée et les concerné·es revendiquant leur droit sont insulté·es, harcelé·es et menacé·es, comme s’iels niaient la réalité de la prostitution forcée, alors qu’iels la combattent et demandent des moyens pour lutter contre elle. Au lieu de cela, l’État n’émet que des lois putophobes. Chaque année on constate l’inefficacité de la loi de pénalisation des client·es de 2016, pire elle précarise les TDS. Réaffirmons-le, la putophobie tue. Nous aimerions nous retrouver ensemble pour célébrer uniquement notre joie militante et non pas devoir commémorer celleux qui nous ont quitté trop tôt. Tant que ces violences persisteront, il sera utile de rappeler les outils mis à disposition des concerné·es, par des concerné·es, à savoir le fantastique travail du STRASS, qui possède un service juridique, ou le CAARUD Entr'actes, dans le Vieux-Lille, qui fournit outils de réduction des risques et d'hygiène, soutien et humanité. En attendant, le Couvent du Nord souhaite rendre honneur à nos adelphes qui triment sur les pavés en talons dans le froid, qui tentent de trouver le bon angle devant leur caméra, qui sont épuisé·es après les heures de tournage et les TDS d’un soir pour payer une facture de trop. Vous nous êtes précieux·ses, vous êtes merveilleux·ses et vous trouverez toujours sous nos cornettes une oreille, une capote ou une paillette à dépanner. Nous continuerons de marcher avec vous jusqu’à l’obtention du droit commun et pour ne pas oublier nos militant·es disparu·es. Aujourd’hui, nous commémorons les folles trop efféminées qu’on a tenté de rééduquer, les femmes qu’on a déclaré frigides parce qu’elles n’étaient pas attirées par les mecs, les personnes trans qu’on a voulu ré-assigner dans leur « vrai sexe » et tou·tes les membres de nos communautés LGBTQI+ qu’on a psychiatrisé parce qu’iels ne rentraient pas dans le cadre de la société hétéropatriarcale.
Il y a seulement 21 ans, le 17 mai 1990, l’OMS retirait l’homosexualité des maladies mentales. Pour nos adelphes trans, pourtant pionnie·res de nos luttes, c’est seulement en 2019 que le retrait a eu lieu. Souvenons-nous que nos acquis sont récents, fragiles et, malheureusement, si faciles à perdre. Nous devons nous unir pour ne pas oublier celleux qu’on a envoyé en thérapie de « conversion », celleux qu’on a interné pour leurs amours, celleux qu’on a médicamenté de force pour silencier leurs identités, celleux qu'on a jeté dans la rue, qu’on a battu, poussé au suicide, mutilé, assassiné. Notre devoir de mémoire est d’autant plus fort que ces violences se perpétuent encore dans certains pays. En France, plutôt que d'interdire définitivement les thérapies de conversion, Élisabeth Moreno a préféré se contenter d'une simple circulaire à valeur consultative. En attendant, tu le sais déjà chaton, tu es aussi précieux·ses qu’un pavé en manif, et Sainte-Pouffe sait que nous en aurons besoin dans les mois à venir. Les mois des fiertés arrivent, le soleil revient. Il est grand temps de montrer à quel point nous sommes flamboyantes, peu importe notre orientation sexuelle, notre identité de genre, nos corps, qui sont variés et multiples. Nous sommes des petits poneys pailletés et nous ne demandons qu’à briller ! Les beaux jours reviennent, les lipsticks en fleurs sont de sorties, les butchs lustrent une dernière fois leur camion et l’ensemble du Gouinistan est en ébullition, pas de doute, c’est aujourd’hui la journée de visibilité lesbienne !
À toutes nos puces qui dégustent les moules ou qui préfèrent les frites, même celles qui aiment les frite-moules, celles qui s’en fichent de ce qu’il y a, tant qu’elles aiment, et celles qui aiment, tant qu’il le faudra. Pour celles qui sont dans le placard, qui y ont le cafard mais qui savent qu’elles s’épanouiront tôt ou tard. Pour celles qui sont tartes mais après tout, avec son chou à la crème, est-ce qu’on n’est pas toujours tarte à la crème ? Pour les gousses vieillissantes et les jeunes qui se sentent goudous, mais aussi celles qui rêvent d’être Amandine Gay, mais qui hésitent à se dire gay. Aussi à vous qui débutez les hormones et aux autres qui composent avec leur progestérone. Et après tout, entre gouines, on s’en fout, tant qu’il y a de la solidarité entre nous et qu’on bat le pavé ensemble pour la PMA pour tou·tes, comme ce dimanche à Paris, et qu’on lutte contre les fachos, comme à Lyon samedi ! Vous avez la flamboyance d’Adèle Haenel, la conviction d’Angela Davis, la prestance de Karine Espineira et tant d’autres icônes, de Monique Wittig à votre voisine ! Autant de portraits de lesbiennes en feu que nous voulons voir irradier jusqu’à nos retrouvailles en 2022 (ou avant, on brûle des encens à la lavande pour ça) ! En attendant, remettez Mécano, réécoutez les albums d’Aloïse Sauvage, affichez vos plus beaux posters d’Hoshi et retrouvez-vous en toute sororité ! Aux environs d’avril 1945, l’ensemble des camps de concentration et d’extermination nazis sont libérés. Les survivant·es qui reviendront chez elleux s’enfermeront dans le mutisme, souvent provoqué par un manque d’écoute. En 1954, une première journée nationale du souvenir de la déportation est mise en place. Les cérémonies se déroulent, les associations d’ancien·nes déporté·es pleurent et honorent les communautés juives, résistantes, politiques, etc. Mais c’est seulement 41 ans plus tard, en 1995, que Jacques Chirac reconnaîtra le rôle actif de la France dans la déportation de ses citoyen·es (comme quoi il n’aura pas dit que des saloperies).
Une parole est tue encore plus longtemps, c’est celle des déporté·es gays et lesbiennes, avec leur triangle rose et leur triangle noir. Dès 1991, les Flamands roses sont la première association LGBT+ à affirmer l’existence de la déportation en France pour motif d’homosexualité. Iels sont présent·es chaque année, mais ont longtemps été tenu·es à l’écart de la cérémonie officielle, avant d’y être intégré·es avec d’autres associations LGBT+. En 1995, le témoignage de Pierre Seel, seul français déporté pour motif d’homosexualité à avoir témoigné, confirmera que leur combat est utile et nécessaire pour que ces femmes et hommes ne soient pas silencié·es à nouveau. En 2021, pour la première fois, une institution officielle consacre une exposition à la déportation des LGBT+ en Europe, au Mémorial de la Shoah à Paris. Nos adelphes regagnent une voix, une visibilité et une dignité. Des initiatives militantes permettent également de réincarner ces destins durant le conflit, tel Queer Code. Nous nous réjouissons que le vœu de mémoire se perpétue, tisse des liens entre notre passé et notre présent et que chacun·e puisse commémorer ces oublié·es de l’Histoire. Nous regrettons hélas que tous les camps n’aient pas été abolis, que ce soit pour homosexualité/transidentité en Tchétchénie, les Ouïghours en Chine et tant d’autres. Nous ne les oublions pas et nous ne les oublierons jamais. VOUS ÊTES MERVEILLEUX·SES ET FABULEUX·SES ! DES BISOUS ET À TANTÔT !
Votre Couvent du Nord qui vous aime encore plus que le chocolat Ah, Sainte-Pouffe nous souffle dans la cornette qu’on peut faire mieux, parce que vous le valez bien. Alors, à vous nos cher·es adelphes trans, nous vous souhaitons le meilleur en cette journée de la visibilité trans et tout le reste de l’année aussi ! Que vous soyez en questionnement, que vous rayonnez sur les chars de l’Existrans ou que vous viviez dans une ferme du Cantal, toutes vos existences, vos vies, vos vécus sont valides. Soyez fier·e de vous et de qui vous êtes. Nous trépignons d’impatience de pouvoir vous retrouver, pour vous couvrir de nos paillettes et de nos bisous, en espérant que nous ne créerons qu’un cluster d’amour autour de nous, tellement vous nous aurez trans-porté de joie ! Et, en attendant de danser tou·tes ensemble, continuons de tisser des liens de solidarité entre nous et de nous célébrer dans la diversité de nos genres et de nos corps. « Barbara disait : “Si je n’avais pas été chanteuse, j’aurais été bonne sœur ou putain”, pour vous ce soir, nous serons les trois à la fois. »
C’est par cette phrase que les Sœurs, depuis des années, entament leur messe. Les TDS sont nos adelphes des trottoirs, auxquel·les nos Couvents ont été liés intimement dès leur création en 1979 à San Francisco. L’une de nos frondeuses, Sister Vicious Power Hungry Bitch, en était et c’est parce qu’elle était directement sur le terrain que les Sœurs furent les premières à créer une plaquette de safe sex au début de la pandémie du SIDA. En cette journée internationale contre les violences faites aux travailleur·ses du sexe, les Sœurs renouvèlent leur vœu de solidarité et de mémoire. Car nous ne pouvons oublier Vanesa Campos, Jessyca Sarmiento, Mathilde et toutes les autres travailleur·ses anonymes qui nous ont quitté, parce que la loi de pénalisation des client·es continue de les traquer, parce que les cagnottes en ligne sautent, parce qu’il est difficile d’obtenir un logement lorsqu’on a un travail non-déclaré, parce que c’est toujours la misère pour trouver une banque qui accepte les TDS, parce que la police refuse d’enregistrer leur plainte, parce que le ministère de Schiappa a préféré les laisser crever. En ce jour, le STRASS est reçu par Élisabeth Moreno, qui a daigné, après des mois de silence, les recevoir. Espérons qu’elle débloque enfin un fond d’urgence pour elleux. Aujourd’hui, le Couvent du Nord souhaite rendre honneur à nos adelphes. À vous qui trimez sur les pavés en talons dans le froid, à vous qui tentez de trouver le bon angle devant votre caméra, à vous qui êtes épuisé·es après les heures de tournage, à vous qui faites de l’accompagnement en confinement et à tou·tes celleux qui ont été TDS d’un soir pour payer une facture de trop. Vous nous êtes précieux·ses, vous êtes merveilleux·ses et vous trouverez toujours sous nos cornettes une oreille, une capote ou une paillette à dépanner. Nous rappelons d’ailleurs le projet Jasmine, par et pour des TDS, qui permet de répertorier les client·es dangeureux·ses. Nous continuerons de marcher avec vous jusqu’à l’obtention du droit commun, jusqu’à l’abolition de la loi de pénalisation des client·es et pour toutes les fêtes ensemble, parce que, bordel, on en aurait bien besoin en ce moment. Toi qui est victime des brimades, injures, humiliations de la part de ta propre famille ou à l’école.
Toi qui subit des discriminations, harcèlements dans le cadre professionnel Toi qui a souffert des diagnostics oppressifs de médecins, de gynéco, de psychologues, psychiatres et autres pontes diplômés ‘qui savaient’. Toi qui subit l’opprobre des politiques et des religions. Toi qui est la cible des agressions verbales, physiques et sexuels, dans la rue ou chez toi. Toi qui ne souffre plus car la société transphobe t’a assassinée. Nous ne t’oublierons pas. Nous ne t’oublierons jamais. En mémoire des 331 personnes trans assassinées cette année d’après le rapport de l’ONG Transgender Europe, mais aussi au nom de toutes les victimes anonymes, nous vous demandons une minute de silence. Tant que vous ne pourrez être serein.e.s, en famille, au travail ou dans la rue. Tant que vous serez psychiatrisé.e.s à tort. Tant que vous devrez justifier de ce qu’il y a entre vos jambes. Tant que vous devrez vous battre pour être reconnu, respecté, aimé. Tant que la société vous considèrera comme des citoyen.ne.s de second ordre. Tant qu’une seule bougie devra être allumée. Nous serons là, ensemble pour vous rappeler votre fabulosité, que vous méritez attention, bienveillance et bonheur. Nous serons là pour vous accompagner, soutenir, lutter. Nous serons là, pour crier aimer, manifester, vivre. Soyez fier.es, prenez la place qui vous appartient ! |